Nous avons au Canada ce que le reste du monde n’aura jamais, c’est-à-dire, une certaine accessibilité au Bouclier Canadien. C’est cette masse rocheuse vieille de plus d’un milliard d’années qui fournit au Québec tous les gisements de minerais entre autres nécessaires à la production des batteries dont les différents moyens de transports ont besoin dès aujourd’hui.
Le grand défi
Le grand défi à relever sera d’être en mesure de produire chez nous les cellules des batteries Lithium-Ion et autres technologies de batteries solides dans le futur. La cellule est l’élément central de la batterie et est composée de lithium mais surtout de graphite. Sa production se fait aujourd’hui principalement en Asie ce qui est une « aberration écologique économiquement intéressante » pour les pays comme Taiwan, la Chine et la Corée du Sud. En effet, près de 50% du prix des batteries que nous achetons est lié aux frais de transport. Effet positif de la pandémie, l’augmentation des coûts de logistique encourage à produire localement en rapprochant les différents clients et fournisseurs de la chaîne de valeur.
Là où la partie devient intéressante, c’est que les pays producteurs de cellules de batterie cherchent à acquérir nos ressources minières (lithium et graphite) pour les exporter en Asie et nous réexporter les produits finaux. Le summum du ridicule d’un point de vue environnemental ! Mais ils n’ont pas le choix car leurs ressources ne sont pas infinies !
Ce à quoi il faut prêter attention, c’est que pour être rentable une usine de production de cellules de batterie doit avoir une énorme capacité de production et par conséquent, nécessite des investissements de l’ordre de 4 à 5 milliards de dollars, et bien sûr les clients en mesure d’acheter la production.
L’investissement gouvernemental dans cette industrie est inévitable, car en plus de nous positionner comme chef de file dans l’industrie du stockage d’énergie, elle permettrait de mettre en place le moyen le plus simple de vendre à l’étranger notre principal actif collectif, soit l’hydroélectricité. Cette opération serait non seulement bénéfique du côté des objectifs de réduction de gaz à effets de serre, mais assurerait au Québec une richesse collective pour les générations à venir.
Les batteries et les avions
En comparaison avec les voitures, les avions sont soumis à beaucoup plus de normes et de règlementations. Cette réalité s’accentue avec l’aviation électrique principalement due aux possibilités d’incendies qui peuvent être causés par les batteries. Ce contrôle normatif et réglementaire est essentiel et facile à comprendre puisqu’il sera difficile de s’arrêter au bord de la route avec un avion en cas d’incendie !
Cet environnement législatif a eu pour effet d’obliger l’industrie de l’aéronautique électrique à penser et concevoir des systèmes pour contenir un feu et les fumées dans la cellule en cas d’embrasement. Le résultat souhaité est que l’incendie ne se propage pas aux autres cellules et reste très localisé, de façon à minimiser le risque pour l’intégrité de l’appareil et du vol.
Source : www.H55.ch
Pour cela, les ingénieurs ont dû se rapprocher des grands fabricants de cellules pour que des adaptations soient réalisées comme l’intégration de capteur spécifique permettant de monitorer en temps réel ce qu’il se passe dans chaque cellule et d’en conserver des enregistrements numériques.
Imaginez que cette caractéristique fut pénible à faire accepter aux producteurs mondiaux de cellules de batterie qui écoulent déjà l’entier de leur production pour répondre aux besoins de l’industrie automobile. Ces conditions font que les développeurs d’eVTOL rencontrent de grandes difficultés pour s’approvisionner en batteries pour leurs développements ainsi que pour leurs futures productions.
Il sera donc crucial de créer une chaîne d’approvisionnement pour l’industrie aérospatiale, avec ses spécificités, comme cela a été fait par les plus grands constructeurs automobiles mondiaux comme Volkswagen, Daimler ou GM.
L’économie circulaire
Pour être conséquent à l’ère du développement durable et de l’urgence de la réduction des GES, il est primordial de considérer le recyclage des batteries dès le début de la production de batteries. Encore une fois, nous trouvons au Québec, à Montréal pour être plus précis, des entreprises qui développent les technologies pour la revalorisation des déchets reliés au stockage d’énergie.
Certaines, comme la compagnie Lithion, revendiquent d’être en mesure de recycler 90% des matériaux que renferment les batteries. Cela revient à dire que 90% de la batterie redevient de la matière première, ce qui constitue un véritable exploit technologique et une magnifique avenue pour le futur si l’on prend en compte de la vertigineuse augmentation de la demande en batteries prévue dans les prochaines années.
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